Le Manioc au Cameroun : un trésor caché qui pourrait transformer l’économie vivrière
Un aliment du quotidien, mais une richesse sous-estimée
Dans les marchés de Douala, de Bafoussam, Yaoundé ou d’Ebolowa, le manioc s’invite à chaque table, chaque repas. Cuit, fermenté, séché, moulu ou transformé, il prend mille visages: bâton de manioc, gari, tapioca, mitoumba, farine ou même bière locale.
Et pourtant, derrière ce produit si familier, se cache un vaste écosystème, une ressource que le Cameroun consomme sans vraiment l’exploiter.
Longtemps perçu comme un aliment “de survie”, le manioc est aujourd’hui au cœur d’une réflexion économique nouvelle. Il nourrit, certes, mais il peut aussi enrichir.
Dans les zones rurales, il soutient la sécurité alimentaire.
Dans les villes, il fait vivre des milliers de petits commerçants, de transformateurs artisanaux et de détaillants mais sa valeur réelle va bien au-delà du simple rôle nourricier.
Une culture robuste aux multiples atouts
Le Cameroun produit chaque année environ 5 millions de tonnes de manioc, et la demande intérieure continue de croître. Cette racine séduit par sa résilience naturelle : elle pousse sur presque tous les sols, supporte la sécheresse, et se récolte toute l’année.
Peu d’autres cultures offrent une telle stabilité face aux aléas climatiques.
Chaque hectare bien exploité peut générer entre 1,5 et 3 millions FCFA de chiffre d’affaires, avec un rendement moyen de 15 à 25 tonnes.
Mais le plus impressionnant réside dans sa valorisation intégrale : rien ne se perd.
Les racines et les feuilles servent à l’alimentation. Ces feuilles nourrissent aussi le bétail, l’amidon devient une matière première pour l’industrie, et les résidus peuvent être transformés en compost ou en bioéthanol.
Une mine d’opportunités encore peu exploitée
Dans d’autres pays africains comme le Nigeria ou le Ghana, le manioc a déjà pris une dimension industrielle. Des unités de transformation semi-industrielles exportent du gari, de la farine et de l’amidon vers les marchés internationaux.
Au Cameroun, la filière reste encore majoritairement artisanale. Les producteurs vendent le manioc brut, perdant ainsi une grande partie de la valeur ajoutée qu’apporterait la transformation.
Pourtant, le contexte est favorable :
- Le marché local absorbe déjà une grande partie de la production.
- Le marché régional s’ouvre à la farine et à l’amidon.
- Et la demande mondiale explose, notamment en Europe et en Asie, où la farine de manioc s’impose comme une alternative sans gluten au blé.
Les signaux sont clairs : une nouvelle économie du manioc est possible, à condition de repenser la chaîne de valeur et d’investir dans la transformation.
Une filière prometteuse mais fragile
Le potentiel du manioc est immense, mais plusieurs défis freinent son expansion.
D’abord, la structuration du secteur : peu de coopératives fonctionnelles, peu d’investissements privés, et des infrastructures de transformation encore rudimentaires.
Ensuite, les pertes post-récolte, qui atteignent entre 20 et 30 % selon les régions.
Enfin, le manque de financement pour passer de l’artisanat à la semi-industrialisation.
Cette situation crée un paradoxe : un produit omniprésent, consommé par tous, mais encore incapable de générer la richesse qu’il mérite.
Pourtant, les exemples voisins montrent qu’il est possible de bâtir une filière structurée, rentable et exportatrice, avec des retombées directes sur l’emploi et la sécurité alimentaire.
Le Cameroun, futur hub régional du manioc ?
Et si le Cameroun devenait demain le cœur de la transformation du manioc en Afrique centrale ?
Tout est réuni pour réussir :
- Un climat favorable,
- Une production abondante,
- Une demande locale soutenue,
- Et une main-d’œuvre déjà familière de la culture.
Il ne manque qu’une vision coordonnée : relier producteurs, transformateurs, logisticiens et investisseurs autour d’une même ambition.
Un écosystème où chaque acteur trouve sa place du champ à l’usine, jusqu’au marché international.
En conclusion : un potentiel encore vierge
Le manioc, ce n’est pas seulement une racine.
C’est une opportunité stratégique pour bâtir une filière agroalimentaire compétitive, génératrice d’emplois et d’exportations.
La vraie question n’est pas :
“Le manioc peut-il rapporter gros ?”
Mais plutôt : “Qui osera se lancer avant tout le monde ?”
Pour aller plus loin :
Découvrez dans la Fiche sectorielle complète sur le Manioc, disponible suR Marketdatacom.com, les chiffres clés, projections financières, zones à fort potentiel et principaux risques à anticiper.
Marketdatacom : Comprenez les marchés, saisissez les opportunités.
