Dans chaque cuisine camerounaise, l’oignon est indispensable. Il relève les sauces, parfume les plats et accompagne presque tous les repas. Ce petit légume, qui semble banal, joue en réalité un rôle majeur dans l’économie et la sécurité alimentaire du pays. La récente crise post-électorale a mis en lumière la vulnérabilité de la filière et son impact direct sur le quotidien des Camerounais.

 Quand la crise fait flamber les prix

Après les élections, les tensions et blocages sur les routes ont limité l’approvisionnement dans les grandes villes. Les commerçants ont eu du mal à acheminer le produit des zones de production vers les marchés urbains, entraînant une flambée des prix. Dans certaines villes, le kilo d’oignon est passé de 1 500 FCFA à plus de 3 000 FCFA en seulement quelques semaines.

Cette augmentation rapide montre que la filière est très sensible aux perturbations politiques et logistiques. Même si le Cameroun produit localement, les crises peuvent rapidement déséquilibrer le marché et affecter le pouvoir d’achat des ménages. L’oignon n’est donc pas seulement un aliment : il est un indicateur économique qui reflète la stabilité ou la fragilité du marché alimentaire.

 Production locale et importations

Le Cameroun dispose de zones de production très productives. Le Nord et l’Extrême-Nord représentent les principaux bassins de culture, avec l’Adamaoua en complément pour certaines variétés. Ces régions offrent un climat et des sols favorables à la production intensive d’oignons. Malgré cela, la production locale ne suffit pas toujours à couvrir la demande urbaine et industrielle.

Pour combler ce déficit ponctuel, le Cameroun importe des oignons frais et séchés. En 2023, les importations d’oignons frais ont atteint 1,76 million de kg, principalement en provenance des Pays-Bas, de Belgique et du Nigeria. Les importations d’oignons séchés ont totalisé 291 000 kg, avec l’Inde comme principal fournisseur. Ces importations complètent la production locale, mais elles révèlent aussi que la filière nationale est encore vulnérable aux perturbations, aux variations climatiques et aux fluctuations des prix des intrants.

La situation montre que même un produit fortement cultivé localement peut dépendre d’importations pour répondre à la demande. Les importations jouent un rôle stratégique, surtout pour certains types d’oignons ou pendant les périodes creuses de production. Elles permettent de stabiliser le marché, mais elles représentent également un coût économique pour le pays et accentuent la nécessité de moderniser la filière locale.

 Pourquoi l’oignon est stratégique

L’oignon n’est pas seulement un aliment, il est un levier économique. Sa demande est constante, chaque foyer en consomme régulièrement, et il est présent dans presque toutes les recettes camerounaises, des sauces traditionnelles aux plats modernes. Il est polyvalent, facile à cultiver, mais sensible aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Les variations de prix ont un impact direct sur le pouvoir d’achat des ménages et sur le coût de la restauration et de l’industrie alimentaire. La récente crise post-électorale a illustré cette vulnérabilité. Lorsque l’offre locale est insuffisante ou retardée, les prix doublent, affectant la vie quotidienne de millions de Camerounais. Dans ce contexte, l’oignon devient bien plus qu’un simple ingrédient : il représente un indicateur de stabilité économique et un produit stratégique à sécuriser.

 Une filière aux multiples opportunités

La filière oignon offre des perspectives économiques intéressantes à chaque étape de la chaîne :

  • La culture et l’amélioration des semences pour des variétés plus résistantes et productives.
  • Le stockage et la conservation pour limiter les pertes post-récolte, avec des silos et des systèmes réfrigérés.
  • La transformation, notamment en oignons séchés, poudre ou produits prêts à cuisiner, ce qui peut ouvrir des débouchés industriels et commerciaux.
  • La distribution et la logistique performante pour acheminer rapidement le produit vers les marchés urbains.

Ces segments représentent autant d’opportunités pour les investisseurs et entrepreneurs qui souhaitent contribuer à la modernisation de la filière, à la création d’emplois et à la sécurité alimentaire. Chaque maillon de la chaîne peut être développé pour réduire la dépendance aux importations et stabiliser le marché local.

 Quelques chiffres clés

  • La production nationale est estimée à 150 000 tonnes/an, avec un potentiel de croissance important si la filière est structurée et modernisée.
  • La consommation annuelle est d’environ 250 000 tonnes, ce qui crée un déficit à combler par la production locale ou les importations.
  • Les hausses de prix lors des crises peuvent doubler le coût du kilo en quelques semaines, comme l’a montré la crise post-électorale récente.
  • Une filière modernisée pourrait générer des milliers d’emplois directs et indirects, tout en réduisant la vulnérabilité aux importations.

 Et maintenant ?

L’oignon est déjà un pilier de la consommation camerounaise. La vraie question n’est plus de savoir s’il est important : il l’est déjà. La question est de savoir quand le Cameroun investira sérieusement pour sécuriser cette production, réduire la dépendance aux importations et limiter la vulnérabilité aux crises politiques et économiques.

Pour les entrepreneurs et investisseurs, la filière offre un terrain fertile pour la production moderne, la transformation innovante et le stockage efficace. Chaque perturbation récente montre l’urgence d’agir pour transformer ce simple condiment en moteur économique national.

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